Napoléon et Serguiev Posad

La campagne de Russie

Depuis la paix de Tilsit (1807), les relations entre Napoléon et l’empereur de Russie Alexandre Ier se sont détériorées pour des raisons politiques, économiques et idéologiques.

Au printemps 1812 Napoléon rassemble une armée de 600 000 hommes, dont la moitié provient des pays vassaux, appelée l’armée des vingt nations par les Russes. Le Niémen est franchi le 24 juin. Napoléon tente d’encercler les deux armées russes mais elles se dérobent en faisant le vide devant la Grande Armée par la tactique de la terre brûlée. Après deux mois de marches épuisantes, l’Empereur arrive près de Moscou sans avoir obtenu de succès décisif ; en revanche, les maladies et surtout les désertions lui ont enlevé plus de 150 000 hommes et il a perdu la plus grande partie de ses chevaux. Après des combats d’un acharnement inouï au cours desquels 50 000 Russes et 30 000 Français périssent, Napoléon entre dans Moscou dont les ressources sont presque aussitôt anéanties par un gigantesque incendie. Après un mois d’hésitation il décide de repartir, le 19 octobre 1812. Mais il est trop tard : l’hiver, d’une rigueur exceptionnelle, est déjà là. La retraite se transforme en véritable désastre. Les soldats arrivent à forcer le passage de la Bérézina fin novembre, mais harcelés par les cosaques, 100 000 hommes seulement parviennent à rentrer.

Surtout, la campagne de Russie renforce la détermination des ennemis de la France qui, pour la première fois, se liguent tous contre elle. Le Royaume-Uni, les empires de Russie et d’Autriche ainsi que les royaumes de Prusse et de Suède forment la sixième coalition antifrançaise.

Ils sont bientôt rejoints par les États allemands de la Confédération du Rhin. Au lendemain de la défaite de Leipzig         (19 octobre 1813), l’empire de Napoléon s’effondre. Assiégée et affaiblie, la France ne dispose plus des ressources pour s’opposer à l’invasion.

Napoléon et Kotouzov en matriochki
Napoléon et Kotouzov en matriochki

Les pertes humaines

Les dernières recherches sérieuses sur les pertes de la campagne de Russie sont données par Thierry Lentz. Du côté français, le bilan est d’environ 200 000 morts (la moitié au combat et le reste de froid, de faim ou de maladie) et de 150 000 à 190 000 prisonniers tombés entre les mains de Koutouzov. Pour le reste, 130 000 soldats quittèrent la Grande Armée au cours de la marche sur Moscou et près de 60 00016 se réfugièrent chez des paysans, nobles et bourgeois russes. Enfin, moins de 30 000 soldats repassèrent le Niémen avec Murat. Côté russe, les récentes publications d’Oleg Sokolov tendent à établir les pertes à 300 000 morts dont 175 000 au combat, ce qui est très important, mais, selon Thierry Lentz, invérifiable en l’état des études disponibles. Enfin, malgré des actes de générosité des deux côtés, les prisonniers qui tombèrent entre les mains des Français ou des Russes furent globalement maltraités.

Après la chute de Napoléon, le rapatriement demandé par Louis XVIII des Français restés en Russie fut globalement un échec, car les candidats au retour furent peu nombreux. Plusieurs milliers de Français firent souche dans le pays des Tsars. En 1837, 3 200 vivaient à Moscou. Par exemple, parmi ceux qui restèrent en Russie, le soldat de la Grande Armée Jean-Baptiste Savin, devenu par la suite Mikhail Andréïevitch Savine, serait mort à Saratov en 1894 à l’âge de 123 ans.

 

 

Alexandre Ier
Alexandre Ier

Régiment de cosaques de la Garde impériale

Le régiment, composé de quatre escadrons (3 du Don et 1 de la mer noire), participa à la campagne de 1812, en combattant la Grande Armée.…. Après la traversée de Napoléon les cosaques couvrent la retraite des troupes russes et combattent sans arrêt, du 14 au 23 juillet, l’avant-garde de la grande armée….

Lorsque l’empereur Alexandre Ier rejoint l’armée, le régiment lui sert d’escorte personnelle et l’accompagne lors de toutes les campagnes et batailles de 1813-1814.…

 

Le 19 mars 1814 le régiment entre à Paris et établi son bivouac sur les Champs-Élysées. Les cosaques du régiment accompagnèrent Napoléon jusqu’à l’île d’Elbe.

Des Cosaques repartent sur les traces de Napoléon

D’après : 14 février 2012 RBTH, CLÉMENCE LAROQUE, LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

« À une dizaine de kilomètres de Serguiev Possad, une vingtaine de cosaques ont pris la route pour rejoindre Paris et commémorer le bicentenaire de la retraite de Russie, notamment la bataille de Borodino en septembre 1812.

2500 kilomètres à cheval et pas moins de cinq pays traversés : voilà ce qu’ont accompli 23 cosaques russes partis du mont Poklonnaïa à Moscou, pour rejoindre la France à mi-octobre 2012. Ils ont suivi l'itinéraire que leurs aïeux ont effectué deux cents ans plus tôt, lorsqu'ils avaient poursuivi Napoléon Ier et sa Grande Armée entre 1812 et 1814. Vêtus de leurs costumes bleus et coiffés de leurs grands chapeaux, ils ont reçu bénédictions et honneurs militaires avant de prendre la route à travers la Biélorussie, la Pologne, la Lituanie, l'Allemagne et la France. L'arrivée a eu lieu à Fontainebleau, là où Napoléon avait abdiqué en 1814.

L’entraînement a débuté dans un haras proche de Serguiev Possad, (Haras de Kouzmino Кузьмино

 à 34 km nord) tenu par un riche entrepreneur cosaque, Pavel Moschalkov, à l’origine du projet. Au total, ils sont une vingtaine de Cosaques, originaires du Don, de Bouriatie, de Kalmoukie et du Tatarstan.

Tout a commencé par les chevaux qu’il a fallu capturer à l’état sauvage puis débourrer, c’est-à-dire dresser à partir de zéro. La race compte aujourd’hui très peu de représentants en Russie. C’est pourquoi l’ataman tient à souligner que « la cavalcade est aussi un moyen de préserver cette race ancestrale qui fut la monture de nos ancêtres ». Les chevaux ont appris les marches militaires cosaques, se sont habitués aux jeux d’armes des cavaliers intrépides et ont été capables de parcourir 30 à 40 kilomètres par jour pendant plusieurs mois.

Financée en grande partie par l’État russe et son fonds public de bienfaisance « Apanage de la Russie», la randonnée hippique veut être fidèle à l’itinéraire historique. Durant trois mois, les cavaliers cosaques, entourés de plusieurs équipes, médicale et vétérinaire notamment, ont traversé la Russie, la Biélorussie, la Lituanie, la Pologne, l’Allemagne et enfin la France. Des pays qui ont tous accueilli avec engouement cette initiative. En ce qui concerne la France, « les Cosaques se sont bien comportés en 1813. Nous y avons une bonne réputation. Les seuls torts qu’ils ont commis à leur arrivée à Paris, c’est de s’être baignés nus dans la Seine et d’avoir abattu des bouleaux pour cuire leurs chachliks », s’amuse l’ataman.

 

Cette épopée équestre vise aussi à faire connaître la culture cosaque. Les seuls cavaliers qui soient arrivés jusqu'à Paris et qui en soient revenus, étaient des cosaques. «Nous voulons montrer que nous ne sommes pas seulement des guerriers », s’exclame le Cosaque Dmitri. En effet, des manifestations culturelles et sportives ont été organisées à chaque arrêt dans les villes européennes : Concerts de groupes folkloriques russes, démonstrations de voltige cosaque et expositions de costumes militaires de l’époque des Guerres napoléoniennes.»