Napoléon et Fribourg

C’est  des entretiens de la Malmaison que sortit, en mai 1801, le projet de constitution helvétique dit de la Malmaison qui servira de matrice aux constitutions futures de la Suisse. Ainsi faut-il voir en Rueil, un grand lieu de mémoire de la présence helvétique en général, et fribourgeoise en particulier.

 

Histoire de Fribourg XVIIIeme XIXeme siècle :

 

« Le 2 mars 1798, les troupes révolutionnaires françaises entrent à Fribourg. C'est la fin de l'Ancien Régime qui s'écroule trois jours avant celui de son voisin bernois. Si dans un premier temps, avec la création du canton de Sarine et Broye, le canton de Fribourg est divisé, il va néanmoins connaître durant la période de la République helvétique sa plus grande extension territoriale. Dès la proclamation de l'Acte de médiation en 1803, il retrouve ses frontières qui ne changeront plus jusqu'à aujourd'hui. Jouissant des sympathies de Bonaparte, Fribourg obtient le rôle de canton directeur avec Berne, Zurich, Lucerne, Bâle et Soleure. Il est même le premier à tenir ce rôle en 1803. Son avoyer, Louis d'Affry, est Landamman de la Suisse. La Médiation marque le retour au pouvoir de l'aristocratie urbaine, notamment par l'utilisation du suffrage censitaire. »

L’acte de médiation :

 

  • 1789-1798: la Révolution française chahute l'Europe, mais épargne la Suisse.
  • 1798-1802: la Révolution helvétique renverse le fragile édifice du Corps helvétique et crée une Suisse moderne : la République helvétique. Mais sa consolidation est compromise par la guerre européenne qui transforme la Suisse en champ de bataille.
  • Automne 1802: une guerre civile, encouragée en sous-main par les ennemis de la France (Grande-Bretagne, Autriche), éclate entre partisans et adversaires du nouveau régime. Deux armées suisses s'affrontent. La République helvétique s'effondre et la Suisse est menacée de disparition. Bonaparte, Premier Consul, intervient et propose sa médiation, acceptée par les deux camps qui envoient à Paris leurs délégations.
  • Décembre 1802 – janvier 1803: la Consulta – "conférence" en corse – permet la mise en place, au terme de longues négociations, d'institutions nouvelles fondées sur une modernisation en profondeur du fédéralisme archaïque d'autrefois.
  • 19 février 1803: l'Acte de Médiation, le chef d’œuvre de Napoléon Bonaparte, comportant 19 constitutions cantonales – 13 anciens cantons dont Fribourg et 6 nouveaux, soit St-Gall, Grisons, Argovie, Thurgovie, Tessin et Vaud – ainsi qu'un Acte fédéral faisant fonction de constitution commune - est signé par toutes les parties en présence. Fribourg est choisie comme première capitale tournante.
  • 27 septembre 1803 : Signature de la dernière alliance entre la Suisse et la France. La «capitulation militaire » prévoit l’engagement de 16 000 soldats répartis sur quatre régiments suisses dans l’armée de Napoléon. 

Louis d’AFFRY (1743 – 1810) Fribourg :

 

Louis d’Affry a donné son style à la Médiation. Louis d’Affry a été l’adepte inconditionnel d’une politique de modération, d’unification du pays et d’entente avec la France, qui, à travers l’Europe napoléonienne, dominait alors le Vieux Continent. Le Fribourgeois circonspect fut non seulement le plus grand politicien de son canton, mais aussi le personnage le plus influent, le plus puissant qu’ait connu la Suisse à son époque. Il fut même capable d’apparaître comme le plus représentatif, au grand bénéfice du pays. (1)

Bataille de Polotzk
Bataille de Polotzk

Régiments Suisses de la grande Armée :

Au total, environ 30 000 hommes ont servi dans l’armée française entre 1805 et 1815, sur une population de 1,5 million d’habitants.

A noter que sous Napoléon, les troupes suisses ont continué à porter le rouge traditionnel des mercenaires au service de la France, alors que le bleu était la couleur de l’armée française. Les Suisses étaient ainsi les seules troupes de l’Armée impériale à porter les mêmes couleurs que l’ennemi britannique. 

Les troupes suisses seront t partie prenante dans la plupart des grandes batailles de l'histoire napoléonienne : à Wagram, à Trafalgar ou encore à Bailén où le régiment de Reding des Grisons se retrouve face-à-face avec celui d'Affry  (fils du Landammann) de Soleure.

Cependant, le principal engagement qui sera également le plus meurtrier pour les troupes suisses, est celui de la Bérézina où les 1 300 hommes restants, faute de munitions, vont devoir charger à huit reprises à la baïonnette les soldats russes pour permettre aux restes de la Grande Armée de franchir le fleuve : seuls 300 hommes survivront à cette bataille. (2)

Sources :
(1) - Georges Andrey et Alain-Jacques Czouz-Tornare : Louis d’Affry 1743-1810, premier landamman de la Suisse. La Confédération suisse à l’heure napoléonienne, Editions Slatkine, Genève, 2003. 420 pages

 

(2) - Dictionnaire historique de la Suisse.